ABDELAZIZ BOUTEFLIKA CANDIDAT PAR PROCURATION

IL CONFIRME ET DEPOSE SA CANDIDATURE AUX ELECTIONS D’AVRIL 2019

Sitôt sa candidature déposée dimanche 3 mars au Conseil Constitutionnel par Abdelghani Zaalane nouveau directeur de campagne (en remplacement de Abdelmalek Sellal ancien Premier ministre, directeur de campagne limogé) au grand dam des manifestants qui occupaient la rue dans plusieurs villes d’Algérie la nuit même, Abdelaziz Bouteflika, malgré sa santé très précaire a adressé une lettre aux algériens. Un texte lu officiellement à la télévision algérienne et publié dans toute la presse dans lequel il promet s’il était élu, d’abréger son mandat et d’organiser une nouvelle élection anticipée où il ne sera pas candidat et dont la date sera connue lors d’une conférence nationale après le scrutin du 18 avril prochain. Un message au demeurant incompris par le peuple qui a manifesté dès la nuit dans les plus grandes villes d’Algérie ainsi qu’à ses extrémités et qui n’a guère convaincu sa jeunesse qui entend programmer d’autres manifestations plus importantes et d’occuper la rue et certains lieux stratégiques. Un dispositif policier important, renforcé est mis en place depuis dimanche, déployé particulièrement dans la capitale où l’on craint des débordements massifs.

Réactions en France

Pour la France très inquiète, qui suit avec une attention particulière l’évolution des événements, l’Algérie n’est pas le Venezuela avec l’intervention du Président Macron qui a soutenu ouvertement l’opposition de GUAIDO. Car aujourd’hui, elle se voit condamnée au plus grand silence vis à vis de l’Algérie au regard de toutes les conséquences d’une déstabilisation du régime qui consisterait à ajouter de graves troubles à l’axe Paris – Alger qui en paierait le prix à travers les bonnes relations bilatérales existantes. Donc pas d’ingérence, pas d’indifférence. Depuis dimanche en effet, dans plusieurs villes de France, les premières réactions des algériens de France n’ont pas tardé à se faire voir.

Une sortie massive

Les algériens toutes générations confondues sont sortis de leur côté pour manifester contre le 5è mandat de Bouteflika appelant au changement avec toutes les réformes nécessaires. Et le mouvement de protestation ne cesse de grandir au delà de Paris au fur et à mesure de l’évolution de la situation qui prévaut à Alger, estimant que Bouteflika très affaibli n’est plus en mesure d’assumer ses responsabilités à la tête de l’Etat.

Néanmoins se pose la question : Que va faire l’armée?

Dans cette perspective particulièrement, elle est en première ligne et en vigilance profonde, et vivement impliquée pour l’heure dans les négociations entre les différentes factions du pouvoir dont elle est partie prenante où on laisse entendre qu’il y a même une opposition à l’intérieur du clan sur la candidature de Bouteflika. L’armée donc apporte son soutien dans cette conjoncture au clan du régime Bouteflika en la personne du Général Major, Gaid Salah chef d’état major des armées pour assurer le contrôle du pays et d’intercéder dans les changements du pouvoir, se gardant bien d’intervenir le moment venu.

L’opposition

L’opposition quant à elle, trop divisée faute d’alliance commune, ne trouve pas totalement sa place dans ce dispositif d’élection depuis que Bouteflika est officiellement candidat. Quand on sait déjà que deux autres candidats parmi une quarantaine dévoilés comme Benflis ancien Premier ministre et Abderrezak Makri Président du MSP, Parti islamiste, (mouvement de la société pour la paix) se sont retirés dès hier de la course, arguant de l’inacceptable attitude de l’actuel président qui n’a pas entendu les cris du peuple pour un changement radical qu’ils ont appelé de leurs vœux. Et notamment celle de la jeunesse qui interpelle sur son avenir pour un retour à des élections libres pour construire une véritable démocratie. Une option est pourtant assez visible, celle du pourrissement que tout le monde redoute ou carrément un report fort probable des élections à la lumière de tous ces événements. Les islamistes repentis eux restent fins observateurs mais actifs dans les réseaux sociaux. D’autres candidats ont déposé leurs dossiers en vue du scrutin notamment celui de Ali Ghediri ex général major de l’armée, ancien directeur général des ressources humaines du ministère de la Défense nationale aujourd’hui à la retraite et celle probablement de Mohamed Médiene dit Touffik ancien patron du DRS (Sécurité militaire).

Côté BOUTEFLIKA

Bouteflika à la veille de son 5è mandat qui est âgé de 82 ans depuis le 2 mars, ne s’est pas adressé à son peuple de vive voix depuis son AVC en 2013 et n’est apparu en public que très rament hormis une ou deux sorties en fauteuil roulant pour aller voter. Il a été élu en 1999 pour la 1ère fois et réélu depuis, sans discontinuité jusqu’à cette année 2019 date de renouvellement de l’élection présidentielle. l’Algérie est dirigée pour l’instant à partir de Genève par le clan Bouteflika autour de Said son frère lui aussi malade et opéré dans le même hôpital, ainsi que son autre frère Nacer haut fonctionnaire qui tiennent à garder la haute main sur cette situation avec toutes les clés du système en place. Le retour en Algérie n’est pas encore annoncé bien que des nominations à des postes importants dans les sphères du pouvoir actuel sont signalées, tendant probablement à une nouvelle organisation du système en question. En tous cas la peur est aujourd’hui dans les deux camps et la rue ne désemplit pas pour l’instant malgré quelques heurts des manifestants jeunes pour la plupart avec la police dans certains quartiers d’Alger.
JACKY NAIDJA

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