ALAIN CABRAS A PROPOS DE SON LIVRE "LA MEDITERRANEE : LES RIVES DE L'ESPOIR".

ALAIN CABRAS SE DEVOILE A REPORTERS.DZ A PROPOS DE SON LIVRE « LA MEDITERRANEE : LES RIVES DE L’ESPOIR ».

 ALAIN CABRAS SE DEVOILE

ALAIN CABRAS A PROPOS DE SON LIVRE "LA MEDITERRANEE : LES RIVES DE L'ESPOIR".

Grand témoin de la vie politique et sociale depuis de nombreuses années, Alain Cabras* dans son nouveau livre parle de tous les espoirs que doit porter cette « mer nourricière » dont il aime explorer ses horizons. La pertinence de ses notes acquises, enrichies par la pratique de ses enseignements ne sont pas seulement une affaire de style mais avant tout une leçon d’humanité dévoilant une grande part de vécu de cette Méditerranée qu’il porte toujours en avant. Tentant à chaque page de faire entendre sa voix avec des propositions pour faire -parce qu’il est encore temps- de la Méditerranée une mer ouverte porteuse de paix et de solidarité. Avec ce livre, Alain Cabras vient d’offrir avec sincérité au grand public une histoire riche de cette Méditerranée, mouvementée il est vrai mais généreusement ouverte sur les peuples avec cet idéal nourri d’espoirs, de certitudes et d’engagements économiques, sociaux et culturels qui peuvent venir aussi de la société civile.
Jacky NAIDJA

1 /Reporters.dz : Parlons d’abord de vous avant d’aborder votre dernier livre « la Méditerranée : Rêves d’espoir ». Comment vous présentez-vous à vos lecteurs?

Je suis Marseillais et j’ai grandi à Saint-Louis dans les quartiers Nord de la ville, fils d’ouvriers. J’ai fait mes études au Lycée Thiers puis à Sciences Po Aix.

J’ai une double casquette professionnelle : formateur consultant en intelligence interculturelle dans tous les milieux et sur tous les pays de la Méditerranée et enseignant en Ecoles de Commerce sur le management interculturel et la médiation religieuse en milieu professionnel.

J’ai longuement étudié les jeux et enjeux en Méditerranée avec mon ami et maître Bruno Etienne à Sciences Po Aix, où j’ai enseigné de 2006 à 2015 dans la section professionnelle.

2/ Vous publiez ce livre qui parle de la Méditerranée avec passion et intérêt, de cette mer traversée par des vagues de bouleversements et des migrants que Benjamin Stora a appelé « les damnés de la mer ». Quel est votre sentiment à ce propos?

Que cette Mer est unique au monde parce qu’elle est la seule mer qui a donné des nourritures matérielles aux hommes, les poissons, et de la nourriture spirituelle : des mythes (matriciels, grecs et romains) et des prophètes (les trois religions monothéistes).

Je comprends bien les propos de Benjamin Stora que je partage puisque nous sommes dans cet endroit du monde où existent les plus grandes disparités économiques, démographiques et politiques d’une rive à l’autre.

Mais je m’en distance aussi, d’où le titre de mon livre sur l’espoir, parce que je crois qu’en Méditerranée, nous sommes obligés de vivre ensemble et donc de trouver des solutions communes. Si les rives nord restent un espoir de survie pour des millions de personnes du sud et de l’est de la Méditerranée, les rives sud restent la seule chance économique d’une renaissance pour les Européens. Donc rives du drame c’est vrai, mais horizons d’espoir toujours.

3/ A vous lire avec cette Méditerranée au cœur, qu’est ce qui vous a le plus porté vers ce sujet et vous donner l’occasion unique et historique de repenser la Méditerranée telle que vous la présentez dans votre livre?

Une actualité forte bien sûr, depuis décembre 2010 avec les révoltes arabes puis depuis 2015 avec les attentats islamiques en France. Mais au-dessus de cela, une croyance que la matrice méditerranéenne était en danger, et avec elles nos identités, au nord, comme au sud et à l’est du Bassin.

Alain Cabras : J’ai écrit des tribunes dans des journaux, fait des conférences et proposé des pistes de réflexions et d’actions à des organismes internationaux pendant six ans. C’est cela que j’ai relié et mis en forme dans cet ouvrage afin de toucher le public le plus large possible. Tout n’est pas joué en Méditerranée. Loin s’en faut. C’est l’heure de la société civile organisée. Mais la fumée des bombes ne le laisse pas entrevoir. Or, c’est bien cette société civile qui porte en elle les germes de la résilience qui donnera les fruits de la paix.

4/Reporters.dz : Plus concrètement, aujourd’hui est-il urgent de mettre en place une autre politique méditerranéenne plus à même de répondre à cette instabilité alors qu’elle est par nature une mer de paix, d’échanges, d’espoir et de solidarité?

Alain Cabras : Je crois qu’il faut réapprendre à coopérer autrement en privilégiant les organisations légères et souples, telles des talk forces diplomatiques de terrain. Je préconise dans mon livre trente pistes d’actions qui reposent sur trois piliers : une nouvelle politique de coopération décentralisée, une nouvelle action pour l’économie sociale et solidaire et une nouvelle alliance du monde universitaire et de l’entreprise pour la jeunesse.

5/Reporters.dz : Vous allez par vos réflexions jusqu’à faire des propositions face à tous les enjeux méditerranéens au point de relancer l’avenir de la Méditerranée, qu’est ce qui est vraiment au centre de votre sujet? Une autre coopération plus renforcée et décentralisée avec les pays et les peuples méditerranéens? Ou une approche plus globale et plus solidaire des politiques avec les pays du pourtour de la Méditerranée?

Alain Cabras : Je sais profondément qu’à côté des diplomaties d’Etats indispensables et de toute façon incontournables, il faut une diplomatie des projets mais qui associe à tous les niveaux les représentants de la société civile organisée. Je pense aussi qu’il faut aussi mettre un terme au saupoudrage de la politique de coopération décentralisée européenne et française, qui voit se concurrencer des villes, des régions, des collectivités territoriales de tout ordre, pour aller aider, co-construire ou accompagner des entités du sud. C’est absurde, incohérent et dépensier. Il faut désormais, une unité des politiques de coopération accompagnée des société civiles .Marseille avec sa métropole, désormais installée, peut devenir un élément exemplaire de cette nouvelle coopération, où serait penser avec les outils de l’intelligence économique et interculturelle les politiques de coopération en Méditerranée pour les harmoniser et les rendre efficientes !

Marseille doit prendre le relais et le message de Palmyre en terme d’échanges entre les peuples et les hommes !

6/Reporters.dz : En conclusion, comment voyez-vous l’avenir de cette Méditerranée quand on dit que son avenir est au Sud avec cette crise économique au Nord alors même que des milliers de migrants continuent à la traverser au péril de leurs vies à cause justement des guerres dans leurs pays qui ne sont pas encore réglées ?

Alain Cabras : Aujourd’hui le pire est probable mais pas certain. L’avenir de la Méditerranée dépend de nous tous. Et cela commence par se réapproprier nos héritages. Car tous ont en commun la dignité humaine, la quête du savoir et de l’absolu lumineux. . Et redécouvrir qu’ils ne sont rien les uns dans les autres.

Entretien réalisé par Jacky NAIDJA pour Reporters.dz

                                                                                                                

*Alain Cabras : Consultant Formateur en Intelligence interculturelle. Gestion de la pluralité culturelle et religieuse en milieu professionnel

Chargé de conférences à Aix Marseille Université

Référent en Intelligence interculturelle à l’Institut Supérieur en Intelligence sociale.

Autre article sur Alain Cabras : ALAIN CABRAS OU LES RAISONS DE CROIRE EN L’AVENIR DE LA MEDITERRANEE

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