Le débat sur la crise migratoire partage la gauche et la droite
France: Le débat sur la crise migratoire partage la gauche et la droite
De Notre correspondant Jacky Naidja
Les députés ont entamé, mercredi, le débat prévu sur la question des réfugiés et leur accueil en France et en Europe. Ensuite, c’était au tour des sénateurs de s’emparer de ce sujet à 21h30 au palais du Luxembourg. Un débat déjà clivant, opposant fortement la gauche et la droite qui affiche d’entrée et clairement son désaccord, souhaitant élargir le sujet sur la libre circulation dans l’espace Schengen, voire sa refondation en Schengen II, dans cette crise telle qu’elle est menée par le gouvernement. Un débat de 2 heures prévu sans vote et sans aucune intervention du parti de Marine le Pen. L’émotion suite à la publication de la photo du petit Aylan passée, place à la situation alarmante et désespérée que connaissent des réfugiés qui continuent d’affluer en nombre considérable vers la frontière hongroise en direction de l’Allemagne. C’est dire que cette question majeure qui devait appeler l’urgence et la solidarité agissante des pays européens est en train de prendre une telle ampleur politique au point de tomber dans un imbroglio politico-politicien des plus sidérants, oubliant à un point les migrants et leur cause.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a eu à s’expliquer déjà la veille sur l’action de son gouvernement devant la représentation nationale. Cela ne l’a pas empêché aujourd’hui en ouverture de cette séance de mettre en exergue ce que fait la France et son gouvernement pour accueillir 24 000 réfugiés sur 2 ans et qui, en l’occurrence, doit prendre « des mesures exceptionnelles devant une crise exceptionnelle ». Et d’annoncer la création de 4 000 places dans les centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) et 5 000 places pour les réfugiés d’ici à la fin 2015. Et d’ajouter qu’un budget de 279 millions d’euros sera disponible pour 2016 à cet effet avec la création de 900 postes supplémentaires d’agents de forces de l’ordre qui seront affectés aux contrôles des frontières. Manuel Valls, en pointant du doigt l’UE, a souligné que cette crise migratoire met « l’UE face à une responsabilité historique », tout en attendant des autres pays européens un autre engagement que celui montré en ce moment par certains. La France, a-t-il dit, « n’hésitera pas à rétablir les contrôles à ses frontières et assumera totalement son choix » et que « c’est une responsabilité morale que la France a en charge ».
Un message très fort pour accentuer la pression sur les pays voisins européens devant l’inaction de l’UE. Sur le droit d’asile, et contrairement à l’opposition, Manuel Valls a confirmé qu’il reste «un droit fondamental qui puise sa source dans notre histoire» et à aucun moment il a été question de le réviser ou le corriger.
De son côté, Valérie Pécresse, députée représentant les Républicains, intervenant à son tour, a soutenu vouloir refonder le droit d’asile avec le devoir de renvoyer les étrangers entrés illégalement en France pour mieux accueillir les réfugiés et d’appeler à la révision de l’espace Schengen, dépassé, en vue d’un Schengen II.
Alors que les débats font rage dans l’hémicycle du Palais Bourbon, on apprend de source autorisée que l’Allemagne a fermé sa frontière avec la France, en projetant d’effectuer des contrôles très serrés des demandeurs d’asile. Et qu’en Hongrie, 351 migrants ont été appréhendés pour avoir franchi illégalement, malgré les barrages, la frontière vers la Croatie, provoquant des heurts de grande ampleur avec les services d’ordre.