Les migrants en Méditerranée avec Christian Kert

Les migrants en Méditerranée avec Christian Kert

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Christian Kert, député des Bouches du Rhône: «La Méditerranée est aujourd’hui une région du monde où le drame est quotidien»

La question de fond est de savoir si nous avons pris la juste mesure des événements : sommes-nous bien conscients que ces flux migratoires économiques ne vont pas se tarir d’eux-mêmes ? Sommes-nous bien conscients que ces dizaines de milliers de malheureux qui viennent échouer sur nos plages, dans nos ports, aux barbelés de nos frontières n’ont plus rien à perdre ? Et voilà pourquoi, comme à Calais, ils risquent jusqu’à leur vie « pour passer ». On dit que la Méditerranée est un berceau de civilisation. Elle est aujourd’hui une région du monde où le drame est quotidien. J’ajoute qu’il pourrait y avoir un risque d’aggravation de ces flux avec les changements climatiques qui vont induire des sécheresses aux conséquences aujourd’hui difficiles à évaluer. Il nous faut donc, après avoir pris l’exacte mesure du phénomène, adapter des solutions. Il n’y a aucune qui sera facile. Aucune qui sera gratuite. Moi, je rejoins Jean-Louis Borloo qui a établi un constat : les sommes déjà considérables qui ont été investies pour tenter de parer à une migration massive ont-elles porté leurs fruits ? Réponse non. Pourquoi ? Parce qu’on a traité les effets et pas les causes. Les vraies causes, elles, sont endogènes à bien des pays du continent africain. Il n’y a aucun espoir d’existence là bas, l’espérance est ailleurs. Cet ailleurs est chez nous. Ce qui devient une erreur de plus en plus criante chaque jour qui passe. Il faut donc agir à la source que sont les pays d’origine et comment les aider à reconquérir les territoires de l’acceptable. Borloo a pensé à l’énergie par laquelle passe le progrès, l’éducation. Il a raison même si ce n’est pas suffisant. Il faut «recycler» les aides. Il faut que dans nos consciences, nous acceptions le principe d’aider des pays à réussir chez eux. Car ne perdons jamais de l’esprit que pour un migrant la solution de l’exil, c’est la dernière perspective qui s’offre à lui de vivre. Faisons-le vivre chez lui dans des conditions qui lui offrent un avenir. Ce ne sera plus un migrant. Sur le drame de Calais, des centaines de jeunes hommes affrontent les forces de police, affrontent la loi pour « tenter leur chance ». Plusieurs blessés, dont l’un d’eux est mort cette semaine pour être allé trop loin pour tenter sa chance. Hier, ils étaient des centaines, demain ils seront des milliers peut-être. Et si nous ne sommes pas profondément interpellés par cet état de fait, nous passons à côté de l’un des grands enjeux humanitaires de ce premier quart de siècle. Grèce, Italie, Europe: une grande conférence s’impose… Comme c’est aussi évident que nous ne pouvons pas laisser la Grèce et l’Italie seuls face à cet afflux massif de migrants. Mais attention, l’Angleterre doit également mesurer qu’elle ne peut pas se contenter de jeter la responsabilité de l’afflux migratoire sur ses ports aux seuls voisins européens. Sa politique migratoire et de sécurité est également en cause. Sur les mesures que doit prendre l’Europe, je m’en tiendrai à la philosophie d’une nouvelle approche européenne : « Il faut sortir du chacun pour soi ». De la même façon qu’il doit y avoir une grande conférence sur les migrations. Une conférence qui ne doit pas renvoyer à une autre conférence…
Jacky NAIDJA

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