Les migrants réfugiés et la crise migratoire en Europe
Les migrants/réfugiés et la crise migratoire en Europe La question des quotas et l’espace Schengen débordent l’Union européenne
Les ministres de l’Intérieur et de la Justice des 28 pays de l’UE, qui ont entamé, lundi, une réunion extraordinaire dans l’urgence à Bruxelles sur la crise migratoire, la question des quotas et l’espace Schengen, n’ont semble-t-il pas encore trouvé les réponses idoines communes à ce sujet.
De Paris : Jacky Naidja
Un échec. Réunion cruciale pour une solution sur la répartition des migrants d’abord, car s’il n’y aura pas accord, et cela semble assez difficile devant les oppositions de certains, il y aura sans aucun doute un risque évident d’explosion de l’espace Schengen.
Les ministres doivent en l’occurrence se retrouver à nouveau autour de la table le 8 octobre prochain.
Comment mettre alors de l’ordre dans ce chaos actuel ? Quelle Europe pour les réfugiés ?
L’Allemagne, pays le plus en vue et le plus attirant pour les réfugiés, est contraint de réintroduire systématiquement les contrôles à ses frontières devant l’afflux record et inimaginable de réfugiés – syriens et irakiens – pour la plupart lors de ces derniers jours qui continuent d’avancer en direction de l’Allemagne par centaines de milliers de personnes.
Angela Merkel, qui vient à cet effet d’imposer les contrôles aux frontières, a fermé aussi une partie de ses frontières devant l’inaction de l’UE avec l’Autriche. Appelant de son côté l’armée en renfort pour aider à la gestion de ces contrôles à partir du mur de 4 mètres de haut de clôture et long de 175 km qui va être infranchissable à partir du 15 septembre. Cette annonce de la chancelière allemande fait l’effet d’un ultimatum qui confirme le durcissement qu’elle entend mener désormais face à la mansuétude affichée tout au début de la crise des migrants. François Hollande, de son côté, s’est dit favorable à des centres de contrôle aux frontières de l’UE et a affirmé que « l’UE doit faire respecter à tout prix les contrôles sur les frontières pour qu’il y ait liberté de circulation… avec la création d’un système de répartition des demandeurs d’asile et la création de centres d’enregistrement aux frontières pour un accueil digne et maîtrisé et pour des réponses communes sur le droit d’asile à l’échelle européenne ». Bernard Cazeneuve, son ministre de l’Intérieur, a lui aussi appelé à la responsabilité de l’UE quant à un renforcement des contrôles hors des frontières, une meilleure prise en charge des réfugiés et à un respect imminent et scrupuleux des règles de l’espace Schengen, dont on connaît la remise en cause apportée à la répartition des migrants à travers les pays de l’UE par certains pays comme la Hongrie optant pour la construction d’un mur pour protéger sa frontière ou la Pologne et la République tchèque qui ont déjà fait part de leur désaccord sur cette question.
Selon Bernard Cazeneuve, qui s’adressait à la presse, « la crise migratoire est d’abord une crise humanitaire », appelant les 28 ministres «à la solidarité européenne et à une répartition des réfugiés par contingents dans tous les pays européens », tout en souhaitant « bien distinguer de ce qui relève du statut de réfugié que celui du migrant économique ». Ajoutant, par ailleurs, qu’il ne peut y avoir de relocalisation et de maîtrise des migrants s’il n’y a pas de postes frontières, de centres d’enregistrement Ho Post (centres de tri) au moins 3 à l’entrée de l’Europe : Italie, Grèce et Hongrie. Pour certains observateurs de l’opposition française, la ligne imposée par l’Allemagne est irresponsable sous prétexte d’avoir favorisé un appel d’air pour l’arrivée de tant de réfugiés. Berlin et Paris, quasiment sur la même longueur d’onde à ce sujet, mettent en commun une grande pression sur l’ensemble des autres pays pour la création dans l’urgence de centres d’accueil, alors que de son côté, Londres, qui a avancé pouvoir accueillir 20 000 réfugiés dans le cadre des quotas, vient de se désister, a priori. Devant cette situation imprévisible et plus que dramatique, l’Allemagne a annoncé se préparer à un accueil et une prise en charge d’un million de réfugiés, au lieu des 800 000 annoncés, alors que la Hongrie ferme définitivement ses frontières, avec la Serbie, seul passage ouvert aux réfugiés, annonçant que toute tentative d’intrusion et d’infiltration à partir du 15 septembre serait désormais condamnée par la loi en vigueur récemment adoptée. On sait maintenant que l’Allemagne, l’Autriche et la Slovaquie ont rétabli les contrôles à leurs frontières.
Alors, qu’attendre de cette réunion qui peut diviser l’Europe, au risque de provoquer un Schengen II, quand bien même les Etats du Golfe, eux aussi, refusent systématiquement d’ouvrir leurs frontières par solidarité, de peur d’être déstabilisés, dont leur richesse repose sur « l’or noir », mais aussi sur une main-d’œuvre immigrée employée à bas prix, voire très bon marché, originaire le plus souvent d’Asie du Sud-Est ?
En tout cas, un ultime accord est souhaité de toutes parts dans les prochains jours pour éviter encore une division de l’Europe sur les migrants. Hier, l’Allemagne et l’Autriche ont appelé à la tenue dès la semaine prochaine d’un Conseil européen, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, consacré à la crise migratoire, a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel. « C’est un problème pour l’Union européenne dans son ensemble, c’est pourquoi nous nous sommes prononcés pour la tenue la semaine prochaine d’un Conseil extraordinaire de l’UE », a déclaré la chancelière lors d’une conférence de presse avec son homologue autrichien Werner Faymann. De son côté, la Slovaquie, opposée à tout quota de migrants par pays de l’UE, s’est aussi prononcée pour un sommet.
L’Europe «s’est couverte de honte»
Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a estimé hier que l’Europe s’était «couverte de honte» après l’échec la veille d’une réunion ministérielle à Bruxelles sur la répartition des réfugiés au sein de l’Union européenne (UE).
Lundi «soir, l’Europe s’est une nouvelle fois couverte de honte», a déclaré lors d’une conférence de presse M. Gabriel, qui est aussi ministre de l’Economie de la chancelière Angela Merkel. «Ce que nous avons vécu (lundi) soir menace l’Europe encore plus que la crise grecque», a-t-il martelé. «Et si nous ne nous mettons pas d’accord, alors les prévisions budgétaires européennes ne seront plus à moyen terme que du vent». «L’Allemagne n’est pas prête à être en Europe, pour ainsi dire, le payeur (…) Tous participent quand ils reçoivent l’argent, mais plus personne quand il s’agit de prendre des responsabilités. Si ça continue ainsi, c’est la fin des conditions de financement actuelles », a déploré M. Gabriel. Les 28 Etats membres de l’UE, réunis en urgence lundi soir à Bruxelles, n’ont pas réussi à trouver un accord sur la répartition contraignante de 120 000 réfugiés. La Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, notamment, ont refusé la répartition par le biais de quotas.