Méditerranée : Les rives de l’espoir
ALAIN CABRAS OU LES RAISONS DE CROIRE EN L’AVENIR DE LA MEDITERRANEE
« Il est bien des voies pour aborder la Méditerranée :
Celle des connaissances acquises patiemment, celle des héritages reçus, celle enfin de ses rivages et de son bleu à nul autre pareil… Il y aura aussi celle des carnages, des violences et des impasses de tout ordre tant politique, économique que spirituel. Dans tous les cas de figures, la Méditerranée n’est en rien passive à celui qui la contemple ou la fuit ou la hait. Elle est une mer qui somme chacun de se dépasser, en sortant de son quant à soi, de son unité pour éclater tel le rayon de lumière, dans la diversité de ses cultures, de ses religions et de ses croyances pour qui veut comprendre… «
« Car il n’y a qu’une alternative à la guerre, c’est l’espoir et l’action des hommes de bonne volonté ».
Alain Cabras
Encore un livre et une réflexion sur la Méditerranée. Pas nécessairement pour Alain Cabras
*qui vient de nous offrir sa dernière publication : « Méditerranée : Les rives de l’espoir ». C’est par une démarche tout à fait originale qu’il nous invite à porter un tout autre regard politique sur la Méditerranée face au nihilisme de notre époque. Parfois frontal. En tous cas il tente grâce à une analyse limpide extirpée de ses diverses notes stratégiques, d’expliquer avec forces propositions, une autre relation au temps, de rechercher d’ autres perspectives à un nouvel équilibre dans un monde du possible en Méditerranée. Il s’interroge sur le sens actuel des héritages politiques sans pour autant faire un état des lieux global et de se positionner à l’égard de ces questions en interpellant l’avenir et les institutions sur le quoi faire et comment faire pour mieux vivre ensemble.
Selon l’auteur, la crise ne freinera pas toute ambition méditerranéenne pour peu que le lien avec la Méditerranée ne soit jamais coupé, que tout son pourtour reste synonyme de dialogues et d’échanges avec les uns et les autres, et que l’ensemble des politiques publiques reste fondé sur le principe d’un développement durable. Et de dresser une sorte de cartographie du malaise actuel afin de renouveler la perception des conflits politiques qui génèrent en permanence les crises.
La Méditerranée au service de la paix et de la prospérité :
Ce n’est pas pour rien que la Méditerranée est considérée comme le berceau de la civilisation occidentale et que son nom en latin signifie « au milieu des terres » bien qu’elle soit située également au milieu d’autres grandes étendues d’eau. Partant de là, l’auteur, amoureux fou de la mer depuis sa prime jeunesse et fort de cette passion léguée par ses parents va apporter dans son recueil de textes des propositions pour réinventer l’avenir et répondre avec bon sens aux questions politiques, économiques, culturelles et sociales qui s’imposent à la Méditerranée. Sans oublier cependant d’évoquer les rapports actuels, complexes et difficiles des uns avec les autres pays de la Méditerranée. Entre autres, Le Nord avec la crise financière et le Sud avec ses printemps arabes qui ont suscité tant d’espoirs, la responsabilité historique de l’Europe dans l’aide au développement, les atouts innombrables de la Méditerranée en termes économiques imaginant un seul instant une intégration plus poussée des régions entre le sud de l’Europe et le Maghreb, les relations des ports et des métropoles pour une Méditerranée capable à ce titre tout au moins de mieux de se développer et de retisser ce lien fondamental et combien nécessaire. Selon Alain Cabras, en dépit du poids de son histoire, la Méditerranée au service de la paix et de la prospérité reste aussi un espace de coexistence pour des initiatives privées de la société civile et des entreprises pour mieux répondre aux immenses besoins économiques et de solidarité entre tous les pays de la Méditerranée. De quoi espérer un peu plus à l’avenir une stratégie méditerranéenne beaucoup plus intégrée pour retrouver son influence comme au temps où le » Mare Nostrum » était unifié. Alain Cabras s’est particulièrement penché sur ces 5 dernières années de 2011 à 2016 pour mettre en lumière, interroger et partager ses connaissances sur 3 axes de tensions importants à ses yeux, dans cet espace euro-méditerranéen qui n’a eu de reconnaissance que dans le sang écoulé. Le 1er est celui de la maitrise des flux migratoires vers le Nord. Le 2è axe majeur de tensions s’inscrit dans une dynamique Est-Ouest et le 3è celui des tensions sociétales majeures qui se place dans la destruction de l’environnement et de l’écosystème méditerranéenne au point de dessiner sur le terrain « 3 méditerranées » bien distinctes en quelque sorte qui ont vu le jour progressivement .Celle de la réforme, celle de la rénovation et celle de la reconstruction. Avec au Nord, la Méditerranée des pays du Sud de l’Europe. Au Sud, l’Union Européenne et les régions du sud de l’Europe. Au Sud-Sud les pays du Maghreb et à l’Est le proche Orient ou le Machrek arabe. En considérant cependant une perte d’influence géostratégique très sensible et en l’absence de fortes coopérations entre ses rives Nord et Sud, la Méditerranée anciennement le centre du monde n’est plus ce qu’elle a été depuis des siècles et peut apparaitre aujourd’hui comme une région éclatée, sans avenir unifié dans une mondialisation qui dicte sa loi. Et puis l’auteur de se poser la question sur la place de l’Union Pour la Méditerranée d’aujourd’hui. Ainsi va t-il proposer 10 idées très succinctes pour changer le regard sur l’économie sociale et solidaire en Méditerranée pour une nouvelle approche des relations internationales territoriales métropolitaines citant au passage l’exemple de la nouvelle Métropole d’Aix Marseille Provence. Et en conclusion, pour finir son livre, il met sur table 12 nouvelles idées pour une autre diplomatie « territoriale » pour un nouveau cadre de la coopération euro-méditerranéenne à réinventer.
Tout un recueil de nouvelles perspectives qui invitent à des changements sociétaux notamment sur la jeunesse méditerranéenne pour dépasser les déchirures et redéfinir la place de l’homme, de ses droits et de son territoire.
Alain Cabras dans sa publication n’a pas oublié d’adresser un certain clin d’œil à Bruno Etienne son ancien professeur et ami de se reporter à nombre de ses enseignements pour rappeler cette phrase de son maître: « Ne plus apprendre mais éprouver ». Voilà pourquoi Alain Cabras éprouve toujours des espoirs infinis pour la Méditerranée.
JACKY NAIDJA via Janapresse
Retrouvez l’interview d’Alain Cabras : ALAIN CABRAS SE DEVOILE A REPORTERS.DZ A PROPOS DE SON LIVRE « LA MEDITERRANEE : LES RIVES DE L’ESPOIR »
*Alain Cabras:
Maitre de conférences
Consultant, Spécialiste des questions euro-méditerranéennes, Chargé d’enseignement à Aix Marseille Université.
* Méditerranée : Les rives de l’espoir. Editions Aixoises Landogne.