(Editions Textuel 2019- 224 pages, 19,90 euros).
Journaliste, écrivaine, militante anti raciste, auteure de plusieurs ouvrages sur les questions de l’égalité, du racisme, réalisatrice de plusieurs documentaires les violences policières en France et aux Etats Unis notamment, est une femme qui dérange dans le monde politique.
Depuis une dizaine d’années, la voix incontournable de Rokhaya Diallo n’a cessé de porter aussi loin où s’installent les oppressions en France et de par le monde dans la lutte contre le racisme et le sexisme. Son engagement est un modèle du genre comme figure du féminisme ou comme personnalité écoutée dans la vie culturelle et politique. Elle vient dans son dernier ouvrage « La France Tu l’aimes ou tu la Fermes » publié aux éditions Textuel 2019, un document d’une évidente actualité qui retrace dans une introduction conséquente et 55 tribunes de 124 pages, ses combats porteurs d’un certain nombre d’idées. Jusqu’à interroger la société française pour la confronter à ses impensées, particulièrement marquées par ses interventions dans le débat public et la vie culturelle entre autres. Faisant écho au féminisme noir ou musulman, islamophobe.
Des sujets choc comme la fragilité blanche, la mémoire coloniale et injonction à l’assimilation, le racisme d’Etat ou encore la laïcité. Des analyses produites dans un livre pragmatique tenu comme un agenda, qui parle avec justesse aux autres, avec habileté certainement, c’est son style. Où les tribunes résonnent une à une comme un programme que Rokhaya Diallo décline avec précision, avec ses mots à elle. Un livre inspiré par une décennie d’engagement dans lequel elle parvient à lier avec pédagogie, le politique et l’intime, le corps et l’Etat, le dé tricotage des oppressions en même temps que l’accompagnement des émancipations dont la démonstration et largement étayée par ses fines et précieuses réflexions. Tellement vraies pour que ce livre soit à lui seul essentiel à un débat qui appellera ses lecteurs et lectrices à ouvrir les yeux sur certaines vérités. « Car il n’y a rien de plus dangereux qu’un pays qui refuse de voir ses problèmes les plus manifestes ».
INES ILIANA NAIDJA